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Actualités de septembre 2023
OBJECTIFS annuels du salarié
RÉDACTION EN FRANÇAIS MÊME SI LA PRATIQUE DE L’ANGLAIS EST COURANTE DANS L’ENTREPRISE
RAPPEL DES RÈGLES APPLICABLES
Tout document comportant des obligations pour le salarié ou des dispositions dont la connaissance et nécessaire pour l’exécution de son travail doit être rédigé en français (article L. 1321-6 du Code du travail).
Seule deux exceptions sont prévues à ce principe par le Code du travail : les documents reçus de l’étranger ou destinés à des étrangers.
Faits du litige
Un salarié chef de projet dans une entreprise spécialisée dans les nouvelles technologies, filiale d’une société américaine ou l’anglais est fréquemment utilisé, saisit les juges d’une demande de rappel de rémunération variable au titre de trois années.
Il fait valoir à ce titre que les objectifs définis pour le calcul de cette rémunération variable n’ont pas été rédigés en français, mais en anglais et ne lui sont donc pas opposables, ce qui lui donne droit au versement de la part variable prévue à son taux maximal.
La Cour d’appel rejette sa demande au motif que la seule circonstance que le document ait été rédigé en anglais ne suffit pas à rendre les objectifs inopposables au salarié.
Le salarié se pourvoit en cassation.
QUELLE EST LA SOLUTION DEGAGEE PAR LA COUR DE CASSATION ?
La Cour casse l’arrêt de la Cour d’appel et donne raison au salarié, retentant que les documents fixant les objectifs nécessaires à la détermination de la rémunération variable contractuelle n’étaient pas rédigés en français et devaient donc être jugés inopposables au salarié, et ce, quand bien même l’anglais était utilisé dans l’entreprise.
La Cour rappelle que cette solution, qui confirme sa jurisprudence antérieure, aurait pu être différente si les documents avaient été reçus de l’étranger, ce qui n’était pas le cas en l’espèce.
À noter : la Cour de cassation a admis l’opposabilité au salarié d’objectifs rédigés en anglais dans le cas où le document qui les fixe a fait l’objet d’une traduction mise à disposition du salarié. Dans l’affaire en cause, l’employeur s’était contenté de procéder à cette traduction, mais uniquement pour les juges dans le cadre du litige : pas suffisant !
Juriste
- 2 novembre, 2023